Depuis quelques années, un drôle de personnage a fait son apparition dans le milieu de la consommation : le locavore. Qui est-il, que mange-t-il, où s’achalande-t-il ? Essayons de découvrir ce nouveau visage.

Définition

Par définition, un locavore est une personne qui consomme des produits cultivés ou élevés dans un rayon restreint autour de son domicile, en général pas plus de 160 kilomètres. Exit donc les tomates et les courgettes venues de continents lointains au mois de décembre et les fraises et les framboises si rouges en hiver. Le locavore consomme des produits de saison.

Pourquoi renoncer ?

Mais pourquoi renoncer à tous ces produits alors que les étals des grandes surfaces en regorgent ? Plusieurs raisons poussent ce pionnier d’un nouveau genre de consommation à réagir ainsi. Tout d’abord, il privilégie les produits frais et de saison en achetant aux producteurs locaux et limite ainsi le gaspillage alimentaire. De fait, il soutient l’économie locale et rémunère les paysans et éleveurs à leur juste prix en éliminant ou en réduisant les intermédiaires. Son action intervient aussi au niveau écologique puisqu’il limite la consommation d’énergie fossile nécessaire au transport. D’autre part, les produits achetés sont très souvent issus d’une agriculture bio ou raisonnée, n’utilisant pas ou peu de produits phytosanitaires et de pesticides. Le locavore est un anti monoculture. Ces champs à perte de vue, favorisant une plantation unique, épuisent littéralement les éléments nutritifs du sol et demandent un recours important aux produits chimiques pour lutter contre les parasites et les maladies. A l’inverse, la polyculture, souvent liée à l’élevage, aide à lutter contre les maladies. La biodiversité, conséquence de différentes cultures, amène des animaux et des plantes qui enrayent les espèces ravageuses, limitant ainsi l’utilisation de pesticides.

De même, les emballages plastiques liés au suremballage disparaissent au profit de sacs en papier réutilisables.

Le manger local

Le locavore ne fait pas ses achats de nourriture en supermarchés. Le locavorisme impose en effet de réapprendre à consommer. Différentes formules sont proposées pour manger local. Tout d’abord, le marché, achat en direct qui existe depuis la nuit des temps ou les petits marchés de producteurs. De nouveaux magasins voient maintenant le jour : les épiceries locavores. Elles vendent des produits locaux bien sûr, mais ne rechigne cependant pas à importer un cassoulet de Castelnaudary ou des tripes de Caen dés lors que le produit fini est issu du laboratoire alimentaire d’un fabricant français. Voici également une plateforme de produits locaux.

Les AMAP : une solution

Les AMAP, quant à elles, livrent des paniers dans un endroit précis (lieu de travail, ferme, gare …) et à un horaire défini. Chaque semaine, le producteur s’engage à livrer des produits frais. Ainsi les paniers peuvent contenir des fruits et des légumes, mais aussi des volailles, des œufs, du fromage …). Et quel bonheur de faire découvrir à nos enfants des légumes oubliés, tels que le topinambour, le panais, le crosne, le rutabaga, l’ortie. Le panier fait alors office de support à une leçon de choses et de partages. Recherches de recettes, cuisine, dégustation, autant de moments à vivre en famille.

Les restaurateurs ont, eux aussi, bien compris la demande de cette nouvelle clientèle et certains surfent sur la vague. Ainsi, vous pouvez retrouver sur la carte, les légumes du paysan voisin, les fruits des vergers du village d’à côté, la viande des bêtes qui paissent tranquillement, les truites péchées dans un lac, les fromages et les vins locaux. Directement de la ferme à l’assiette, telle est la devise de ces restaurants. Les menus changent au fil des saisons mais demandent une adaptabilité constante aux cuisiniers autant pour la régularité du produit que pour sa quantité.

Éduquer les plus jeunes

L’éducation alimentaire commençant dès le plus jeune âge et se poursuivant tout au long de la vie, certaines cantines scolaires et maisons de retraite essayent de pratiquer le locavorisme. Enfants et personnes âgées bénéficient ainsi de produits très frais, directement livrés dans la collectivité par les producteurs.

Démarche écoresponsable, le locavorisme a bien des avantages. En premier lieu, il permet aux producteurs de s’installer, de vivre décemment et de développer leurs exploitations. Maraîchers, fromagers, éleveurs … s’engagent à proposer des produits sains et frais, exempts de pesticides. Et, même s’il est attiré par la consommation locale, rien n’empêche cependant le locavore de se fournir des spécialités dans un rayon plus élargi, si celles-ci sont fabriqués par de petits producteurs !